»Pardon à l’eau et à la mer » est le titre d’un article d’Yves Simon dans Le Monde du Dimanche 24 avril 2011, en dernière page. Ce titre est le début de la prière d’une jeune Japonaise en kimono qui continue : « nous avons fait tant de mal ! » Quel mal ? Le mal du tremblement de terre, du tsunami et de la centrale nucléaire sérieusement endommagée de Fukushima le 11 mars dernier. Mais, qui est ce Nous, d’abord? La jeune femme, sa famille, la grande famille des Japonais ? Depuis quand les êtres humains sont-ils responsables de leurs catastrophe naturelles ? Même s’ils le croient, ils ne le sont pas ! Et ils ne le sont en aucun cas des catastrophes techniques et politiques. Là, les responsables portent des noms, ce sont des êtres humains, à désigner, à poursuivre, à juger et à faire payer au moins. Dans le cas de Fukushima, c’est l’entreprise privée TEPCO et le gouvernement actuel qui ont fait construire et négligé ensuite leur centrale avec ses six réacteurs, causant des morts et des malades maintenant déjà, sans parler de l’avenir. Et c’est cela qui me gêne dans cet article qui fait admirer la grande sagesse de ceux qui vivent là, où ni la terre ni la mer ne sont faciles à vivre avec, mais sans faire la distinction entre cette sagesse et l’irresponsabilité d’un gouvernement et des compagnies industrielles nucléaires qu’il protège.
L’auteur, dans cet article, n’a justement pas voulu parler de Fukushima, dit ma femme, qui aime aussi beaucoup ce Japon toujours à la recherche de la beauté et de l’harmonie. D’accord, je ne suis pas contre la beauté ni contre l’harmonie. Mais dans ces jours aujourd’hui et dans ce cas concret je suis contre l’harmonisation d’un grand conflit politique et contre une certaine servilité, bien à distinguer bien de cette sagesse dont on parle. L’obéissance japonaise me fait peur comme celle des Allemands sous Hitler et celle des Russes sous Staline. Qui n’avaient pas encore accès au Nucléaire, pur hasard aussi heureux qu’énigmatique. Imaginons ces deux systèmes totalitaires en possession du nucléaire !
D’ailleurs, les Japonais ne sont pas seulement serviles et calmes non plus, comme nous le savons depuis Nankin en 1937 où ils se sont comportés comme des barbares et depuis Narita en 1978 où ils se ont rebellés contre la construction de l’aéroport. Une fois pris de colère, juste ou injuste, les Japonais sont comme tous les autres peuples : terrifiants. Les Japonais savent non seulement s’indigner comme les Français mais se révolter comme les Arabes qui se sont sous levés au moment où nous tous avions presque oublié qu’ils en étaient capables.
A mon avis Yves Simon est allé trop loin avec son admiration pour le peuple Japonais. Ce n’est pas juste au Japon qu’on appelle cette attitude: Going native ! L’aspect divin de l’Empereur Japonais n’est rien de plus qu’un simple mythe comparable à celui d’un Führer. Le mythe sur l’Empereur divin est seulement plus vieux que celui des Nazis, tous les deux encore intacts et chacun à sa manière. Les mythes ne vivent pas loin des mensonges parmi nous. Le mensonge sur la sécurité du nucléaire par exemple fait part du mythe du progrès moderne et s’allie facilement avec notre désir de confort, et pas seulement au Japon. Le mythe de l’Empereur divin, c’est qu’il est le fils du soleil, de la déesse Amaterasu. Faisons attention chez nous et ailleurs à ne pas nous laisser aveugler par une explosion hydrogène ou une bombe atomique. Ma question à Yves Simon donc: Est-il pour ou contre le Nucléaire, pour ou contre qu’on sorte d’un avenir qui ne nous assurerait plus aucune harmonie ni beauté en ce monde?
Ps Le gouvernement japonais nous assure, le 25 avril 2011, que personne, parmi ses membres, ne savait qu’il y avait un risque d’explosion d’hydrogène à Fukushima . . .
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