mardi 26 avril 2011

3, rue de la République

»Pardon à l’eau et à la mer » est le titre d’un article d’Yves Simon dans Le Monde du Dimanche 24 avril 2011, en dernière page. Ce titre est le début de la prière d’une jeune Japonaise en kimono qui continue : « nous avons fait tant de mal ! » Quel mal ? Le mal du tremblement de terre, du tsunami et de la centrale nucléaire sérieusement endommagée de Fukushima le 11 mars dernier. Mais, qui est ce Nous, d’abord? La jeune femme, sa famille, la grande famille des Japonais ? Depuis quand les êtres humains sont-ils responsables de leurs catastrophe naturelles ? Même s’ils le croient,  ils ne le sont pas ! Et ils ne le sont en aucun cas des catastrophes techniques et politiques. Là, les responsables portent des noms, ce sont des êtres humains, à désigner, à poursuivre, à juger et à faire payer au moins. Dans le cas de Fukushima, c’est l’entreprise privée TEPCO et le gouvernement actuel qui ont fait construire et négligé ensuite leur centrale avec ses six réacteurs, causant des morts et des malades maintenant déjà,  sans parler de l’avenir. Et c’est cela qui me gêne dans cet article qui fait admirer la grande sagesse de ceux qui vivent là, où ni la terre ni la mer ne sont faciles à vivre avec, mais sans faire la distinction entre cette sagesse et l’irresponsabilité d’un gouvernement et des compagnies industrielles nucléaires qu’il protège.
L’auteur, dans cet article, n’a justement pas voulu parler de Fukushima, dit ma femme, qui aime aussi  beaucoup ce Japon toujours à la recherche de la beauté et de l’harmonie. D’accord, je ne suis pas contre la beauté ni contre l’harmonie. Mais dans ces jours aujourd’hui et dans ce cas concret je suis contre l’harmonisation d’un grand conflit politique et contre une certaine servilité, bien à distinguer bien de cette sagesse dont on parle. L’obéissance japonaise me fait peur comme celle des Allemands sous Hitler et celle des Russes sous Staline. Qui n’avaient pas encore accès au Nucléaire, pur hasard aussi heureux qu’énigmatique. Imaginons ces deux systèmes totalitaires en possession du nucléaire !
D’ailleurs, les Japonais ne sont pas seulement serviles et calmes non plus, comme nous le savons depuis Nankin en 1937 où ils se sont comportés comme des barbares et depuis Narita en 1978 où ils se ont rebellés contre la construction de l’aéroport. Une fois pris de colère, juste ou injuste, les Japonais sont comme tous les autres peuples : terrifiants. Les Japonais savent non seulement s’indigner comme les Français mais se révolter comme les Arabes qui se sont sous levés au moment où nous tous avions presque oublié qu’ils en étaient capables.
A mon avis Yves Simon est allé trop loin avec son admiration pour le peuple Japonais. Ce n’est pas juste au Japon qu’on appelle cette attitude: Going native ! L’aspect divin de l’Empereur Japonais n’est rien de plus qu’un simple mythe comparable à celui d’un Führer. Le mythe sur l’Empereur divin est seulement plus vieux que celui des Nazis, tous les deux encore intacts et chacun à sa manière. Les mythes ne vivent pas loin des mensonges parmi nous. Le mensonge sur la sécurité du nucléaire par exemple fait part du mythe du progrès moderne et s’allie facilement avec notre désir de confort, et pas seulement au Japon. Le mythe de l’Empereur divin, c’est qu’il est le fils du soleil, de la déesse Amaterasu. Faisons attention chez nous et ailleurs à ne pas nous laisser aveugler par une explosion hydrogène ou une bombe atomique. Ma question à Yves Simon donc: Est-il pour ou contre le Nucléaire, pour ou contre qu’on sorte d’un avenir qui ne nous assurerait plus aucune harmonie ni beauté en ce monde?
Ps Le gouvernement japonais nous assure, le 25 avril 2011, que personne, parmi ses membres, ne savait qu’il y avait un risque d’explosion d’hydrogène à Fukushima . . .

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Autour de Roudi

Roudi vit avec nous, ses amies les juments, les chats et les poules quelque part en Auvergne. Parfois Roudi me regarde avec un œil tellement humain qu’il me fait penser à Lucius, le pauvre, qu’on a transformé en âne, L’âne d’or d’Apulée ; vers 125 après JC. Bien que cet âne, le fameux héro du premier roman de l’Antiquité, et Roudi dans son pré, vivent dans deux mondes tout à fait différents, ils ont quand même une chose en commun : Ils observent tous les deux les comportements bizarres si non atroces des êtres humains. Et j’imagine qu’ils ont de temps en temps envie de s échapper, de partir loin . . . Comme cet âne que je pus observer au cours du printemps 2004, alors que je me trouvais à bord d’un porte-conteneur qui me ramenait en Europe, après 20 ans passés au Japon.

Alors que défilait comme en rêve, sous mes yeux, l’Egypte du canal du Suez, j’aperçus us un troupeau d ânes, dont l’un s’échappa pour foncer droit vers le désert. Le frère de Roudi ! Et son propriétaire jurait et fouettait son ânesse, petite sœur de la Modestine de Stevenson, et lui donnait des coups de talons dans le ventre pour la lancer à la poursuite du pauvre fugitif…

Me voici donc maintenant en Europe, mais c est seulement il y a deux ans que je me suis décidé, l’hiver 2008/9, à écrire dans la langue de mon pays d’élection. Qui sait ! Si je ne m’étais pas cassé la cheville devant ma porte cet automne-là, j’aurais peut-être continué à écrire en Allemand. Et à vrai dire, j’ignore encore aujourd‘hui si quelqu’un, dans l’océan de Google, peut s’intéresser à ce que j’ai écrit et continuerai à écrire.