vendredi 11 février 2011

André Herbst Roadmovie


André Herbst Roadmovie
PROJET
Pour le Festival de Théâtre de rue 2010


Sur scène le Capot d’une vieille 2 CV sale, comme après une longue piste de Sable, de la Boue. À gauche et à droite deux Silhouettes voilées. Au dessus d’un câble noir, pendent des photos agrandies d’un Désert
Bruit du moteur de l’ancienne 2 CV (mais comment le faire ?)
Après quelques instants apparaît un homme à moitié derrière le capot, casquette de Mao, lunettes intellos, costume de jeans bleus clair, imitant le mouvement automatique des essuie-glaces avec son bras, pendant quelques instants
Soudain il tape avec son pied contre le CAPOT
KRRACHH BOUM !
Arrêt du moteur
Silence
Que le bras qui continue son mouvement absurde des essuie-glaces
-
Là, il s’arrête, se lève de toute sa hauteur, tourne autour du capot et râle :
VERFLUCHTE SCHEISSE !
Trop Vite, toujours trop Vite
SCHEISSKARRE !
CHIGNOLE DE SHIOTE !
Foutue Piste, avec ses Fichues Flaques
Qui cachent des Trous, par fois des Trous Profonds
Qui cassent Tout : Moteur, Essieu . . .
Motor kaputt, Achsenbruch, Achsenbruch
ALLES KAPUTT !
Furieux, il tape encore une fois contre le CAPOT :
KRACH !
Verfluchte Pfütze, FOUTUE FLAQUE
Vers le public, bras et doigt tendu !
VOUS LÀ !
Vous ne l’auriez pas vue non plus, VOUS,
Cette Fichue Flaque derrière Moi
Qui Miroitait juste comme toutes les Autres, Innocente, Inoffensife
Mais MA Flaque, la Mienne, était plus Profonde que les Autres
Et moi, Trop Vite,
Il tape contre le Capot
TOUJOURS TROP VITE TOI
Pressé de Partir
Partir de la VILLE
Partir dans le DÉSERT
VIVRE le Désert
RÉFLÉCHIR, me RETROUVER, MOI
Régler / mes comptes, RÉGLER / MES / COMPTES
Il tape le capot avec son Typo dans la main
Alors, c’est ça ? Le Début du Voyage
L’ÉCHEC, L’ÉCROULEMENT ICI, déjà MAINTENANT ET ICI ?
Silence, qu’il interromp avec son pied droit, faisant comme s’il tapait sur l’accélérateur encore, lentement deux, trois fois, de plus en plus furieusement après, puis dans le rythme de ses mots
J’AI /TA / PÉ
Tapé / dans le VIDE
Tapé-dans-le-SANS FOND
Tapé dans le SANS FOND / sous le Fond . . .
Comme s’il avait plus de Fond, dans cette Foutue Bagnole !
Il tape encore, mais doucement, tendrement et chuchote
Reviens Chignole, s’il te plaît . . . reviens . . .
Il crie :
S’IL TE PLAÎT !
CHIOTTE DE CHIGNOLE, TOI
SCHEISSKARRE, GOTTVERDAMMICH !
Il chuchote, mais en colère :
Ahhh, comme je le SENS encore
Ce Drôle de Sentiment, dans mon Ventre
Dans le Bas du plus Bas de mon Ventre . . .
Ce Vertige Affreux qui monte vers la Tête
Ce Vomi arrêté dans la Gorge
Après avoir Tapé, Touché le VIDE . . .
Quand . . . nous ratons la MARCHE d’un Escalier, d’une Échelle
Nous Tombons dans le Petit Creux du SANS FOND
Pendant une SEULE SECONDE
Pendant la grande FRACTION d’une SECONDE UNIQUE
Il se tape le Typo contre le front
Et me voilà Moi après cette, cette . . .
Cette Casse, MA Casse !
Rupture d’ESSIEU
ACHSENBRUCH ACHSENBRUCH
BÉTA MOI ! BÉTA MOI
ALPHA BÉTA GAMMA
GROSSE SCHEISSE MAMMA
Moi au Milieu, moi SEUL au milieu du Désert
De son Silence Profond qui se Prolonge à chaque Seconde
Qui me Choque, me Provoque, me Torture . . .
MOI, L’ORDURE TORTURÉE,
Il rit, strident !
Et PAS UN CHAT . . . pour me Dépanner . . .
Il murmure :
Détends-toi, détends-toi, Béta
ACHSEN/BRUCH
Nichts als ein ACHSEN/BRUCH
Rien qu’une Rupture d’Essieu
Il cri :
GOTTVERDAMMTER ACHSENBRUCH
Il murmure :
RUHIG NUR RUHIG, RUHIG
N’aie pas Peur, pas de Peur
Personne, il n’y a PERSONNE dans ce vaste horizon
Bleib ruhig, bleib ruhig mein Kind
In dürren Blättern säuselt der Wind
ERLKÖNIG ERLKÖNIG
Johann Wolfgang von Goethe
Il rit, strident :
ROI DES AULNES :
DU CALME, DU CALME, MON ENFANT
C’EST LE VENT QUI SUSSURE DANS LES FEUILLES SÉCHÉS 
Vieux Cauchemar du Père qui Apaise
Qui Ment au Fils, Menacé par la Mort
Le Père qui Court Le Père qui Court au Secours
Mais le Fils il Meurt entre temps
Malicieusement, en ambulant un peu :
ET TOI, Voyageur au Désert ?
Trotzdem GLÜCKLICH? Immer noch so GLÜCKLICH
Quand Même HEUREUX, TOUJOURS SIE HEUREUX DE TA VIE, OUI ?
Sobre , se tape encore le typo dans la figure :
Qu’est-ce que tu veux ?
T’es tombé en Panne, c’est tout !
ÇA Ira, ça ira !
Comme TOUJOURS, comme HIER SOIR encore
VEINARD que tu es !
Toujours la Veine, ta Veine quand même
GLÜCKSPILZ bist und bleibst Du
Ouuu, la FEMME, cette FEMME hier soir au bar
Après ma conférence, ELLE :
« Demain dans le Désert ? VOUS? Pourquoi ? »
Et à l’aube :
« Tu pars avec Moi, au Bord de la Mer ? »
Et Moi : Dommage, mais Non !
J’ai déjà un Rendez-vous : avec mon Désert !
IL M’APPELLE !
Mon plus grand Désir, le DÉSERT !
Ce Terrain Nu, Misanthrope, Mortel . . .
Mais Mystérieux aussi, ce Monde d’avant toute Civilisation Humaine
Ce monde LUNAIRE où tu sens l’univers
Il se tape encore avec le typo :
Maintenant Me Voilà ICI, par Terre !
Tombé en Panne au déjà au Départ
Tant Pis: Je le vivrai ici, mon rêve, pourquoi PAS ICI
JE VIVRAI LE LARGE, LA LIBERTÉ TOTALE
ROBINSON CRUSOE, ROBIN DES BOIS, MOI,
Même sans Bois du tout autour de moi
Murmurant :
Mais . . . qui ça : Moi ? TOI ?
C’est QUI, TOI ? L’AUTRE ! Mais quel Autre ? Qui est l’AUTRE ?
ELLE ? QUI S’APPELLE MARIE, depuis hier soir
Il rit, légèrement, et cherche quelque chose dans sa poche, le trouve : Un crayon à lèvres ! Il le prend et peint, lentement et en épelant chaque lettre, le nom ‘Marie’ sur le capot
M-a-r-i-e !
Si tu savais, Marie !
Si tu me voyais ICI
Tombé en Panne dans mon DÉSERT et non pas dans tes BRAS
En plus il pleut, Marie, il pleut, il pleut
Il imite des essuie-glaces, mais en marchant autour du CAPOT
Quelle Pluie alors, une Pluie comme le Déluge
Le DÉLUGE devant Moi ?
Le déluge avant, non pas Après Moi ?
Verdammter Regen !
Foutue Pluie, Marie :
« VAS-Y, TOI! », tu as dit à l’Aube
« Cherche, Recherche, Pars à la Reconquête de ton MOI
ET REVIENS-Moi, mon HOMME !  
Après avoir Réglé tes Comptes, RÈGLES TES COMPTES ! »
Il tourne autour du capot, de plus en plus vite, tombe presque, cogne la statue voilée à gauche, recule, s’approche très surpris et dévoile. . . très prudemment . . . un jeune Nomade avec les boucles d’un rouge de feu, vieille Veste militaire sur les épaules, Jeans rouges déchirés, Cravate faite d’un câble électrique noir qui pend presque à ses pieds nues avec qu’une sandale
Choqué, il recule, se retire derrière le capot et murmure
Mais non, mais non, pas ça encore
Et il regarde, comme un enfant, à travers ses doigts écartés le jeune Nomade
Pas vrai, je rêve, je rêve !
Un Fantôme, Fantôme du Désert, un Gangster ?
Excusez-moi, Monsieur . . . d’où venez-vous, vous? Et QUI êtes-vous donc, jeune homme?
Silence !
Parlez ! Dîtes quelque chose !
Vous me faites Peur . . . et : Arrêtez de me Regarder comme ça
Vous n’êtes pas d’Ici ? Vous venez de quel Planète . . .
C’est pas MOI qui est Drôle, vous savez ?
-Silence !
Il reprend courage, s’approche, recule, tourne autour du Nomade, panique et crie :
Et je ne suis pas à manger non plus moi !
SCHEISSGESPENST !
Putain de Fantôme !
Là, il glisse derrière le Nomade, cherche et trouve des cigarettes dans la poche de sa Veste militaire, trouve le briquet, ALLUME la cigarette, Fume, Tousse et montre avec la cigarette dans la main en direction du CAPOT en se moquant :
« KEINE ANGST, Väterchen!
N’ais pas PEUR, Pépère ! 
Aucune Envie de t’AVALER, VÄTERCHEN !
Je n’ai plus de Faim Moi, et surtout pas Faim de Toi . . .
CAMARADE ANDRÉ HERBST, c’est bien Toi, non ?
Toi avec ton Nom de Guerre si Mélancolique
Quel NOM qui cache la Méchanceté derrière la Mélancolie
HERBST veut dire : AUTOUMNE ! André Automne !
CAMARADE ANDRÉ AUTOMNE, CAMARADE ANDRÉ HERBST !
En chuchotant et comme s’il était aux aguets :
C’est bien Toi, Non ?
Soudain en colère, il crie :
RÉPONDS-MOI, ARSCHLOCH !
Antworte, alter SCHEISSKERL
Alter Scheisskerl, erinnere Dich !
SOUVIENS TOI il y a 40 ans
Toi, le bon Camarade du Gros Cochon Gras MAO
MAO TSETUNG TSETUNG TSETUNG !
Ton bon Camarade le GRAND TIMONIER TUEUR
Le Premier SERVITEUR DU PEUPLE
Qu’il a DÉPEUPLÉ PIRE QU’HITLER, PIRE QUE MÊME STALINE PA
SANS PARLER DE POL POT
Il fume un peu, tousse et éteint sa cigarette, en disant à soi-même :
Aucun Gout, plus aucun gout ça, Scheisse
Plus Fort :
ENTHOUSIASMÉS, comme nous l’étions, dans les Années Soixante
Dix,
Enthousiasmés par LE PLUS GRAND TUEUR DU 20ième SIÈCLE
HONORÉ PAR LES CHEFS D’ÉTATS DÉMOCRATIQUES
ADORÉ PAR LES INTELLECTUELES À PARIS ET AILLEURS:
Tous ces Méprisables Humanistes, à Genoux devant ce Fou
Cet Élève Doué de LENINE
Qui écrivait à Maxime Gorki, le 22 septembre 1922 :
Les Intellectueles ne sont PAS le Cerveau de la Nation, mais sa MERDE !’
Savais-tu ça, Väterchen ?
Même la Vie Humaine était de la MERDE pour MAO ?
Comme pour les autres Pères TUEURS des Peuples Lenin/Stalin & CO
Savais-tu ça, PAPA ?
Mao prêt à Faire la Guerre Nucléaire ? Pendant la Crise de Cuba et pendant la Construction du Mur à Berlin ? 
Pas de Blague, PAPA !»
André Herbst derrière le CAPOT, à pas de loup :
Mais Monsieur, comment savez vous tout Cela !
Derrière le Nomade, d’un ton sévère :
« Si les Morts se Réveillent, ils en savent Plus que de leur Vivant
Mais moi, moi je Sentais déjà tout ça comme enfant
Perché sur tes Épaules,
Sur les Épaules d’un Serviteur du Peuple, à Berlin West,
D’un Vendeur de Drapeau Rouge
Rouge de Sang
Et Toi tu m’as Créé et Roulé dedans
Dédaigneux !
PETIT MAOISTE DE MERDE!
Et il s’agrippe à la cravate en câble noir et . . . lâche, saute derrière le CAPOT, se retourne et parle au Nomde :
Arrête ! Petite Peste !
Qu’est-ce que tu veux, qu’est-ce que tu VEUX ?
Pas de réponse !
Soudain il crie et tape avec son typo le Nomade :
Hau ab ! Hau endlich ab!
Fous le camp, Foutu Fantôme !
CÈDE, CÈDE, CRÉTIN !
Le Nomade rit, triomphant :
Passé, déjà passé, Papa !
J’ sui Décédé comme toi du vas DÉCÉDER comme tout le monde,
d’ailleurs
Mais Avant, Avant, tu me Répondras à encore une question
Là, il prend un flingue de sa veste, tire Une Fois dans l’air et réclame :
CONFESSE-TOI, PAPA !
Confesse que tu as Trahi Ta Libre Pensée
Confesse que tu as Trahi l’Idée Humaniste
Pour ce Mensonge Totalitaire, Meurtrier de Pékin ! »
Furtivement glissé derrière le CAPOT, André Herbst veut répondre, mais il répond à peine, se cache, jette des regards furieux vers le Nomade, se tape le typo contre le front :
La liberté . . . la Lutte pour la Liberté . . . EN CHINE, EN CHINE !
Je n’en savais rien, presque rien . . .
Le Nomade menace avec le flingue et crie :
« Arrête ces Conneries, écoutes moi, Mao-Lard !
Tu ne Sors pas d’ici Vivant, si tu ne m’Explique pas . . .  »
André Herbst s’accroupit, se bouche les oreilles avec une main et son typo, essaye de se cacher de nouveau derrière le CAPOT, et demande, à peine visible :
Ex/pli/quer, Moi ? Qu’est-ce je dois expliquer ?
MAIS VOUS, Expliquez-VOUS !
Vous êtes qui, finalement ?
Le Nomade menace avec le revolver :
« Moi je suis CELUI qui ne veut que ÇA CONTINUE !
C’EST DÉGOULASSE ton: Je NE SAVAIS PAS, PAPA ! «
André Herbst reprend courage et constate, d’un air moqueur :
C’est pas vos oignons, Monsieur !
Là, le Nomade tire une deuxième fois dans l’air : TSE-TUNNNNG!
TA GUEULE !
Werd’ nicht frech, Alter !
Tu ne vois pas qu’une Nouvelle Époque Totalitaire vous attend Tous ?
Une Dictature Confortable début, Mortelle à la Fin ?
Que nous sommes PRÊTS de nouveau pour Varier le Vieux Jeu
Qui consiste à nous vendre la Douce Dictature comme Démocratie ?
Papa État règle TOUT, fait TOUT pour NOUS
Et tous CEUX qui seront contre ce NOUS-NOUS
N’appartiennent plus à NOUS, ils sont moins que NOUS
Faut les FINIR, ANÉANTIR, TIRER DESSUS
Eh bien voilà la Terreur, Bienvenue comme Remède Social  
Drôlement excité, André Herbst ose sortir de derrière de son Abri-Capot et réplique au Nomade :
Mais oui, qu’est-ce qu’elle est affaiblie, fatiguée notre Démocratie
Allons-nous plus loin qu’en Italie
ALLONS-Y, ALLONS-Y !
ALLONS-Y, LES ENFANTS DE LA PATRIE
MOBILISON LA DÉMOCRATIE IMMOBILISÉE
CHANGEONS-NOUS EN DICTATURE, DICTONS L’ÉGALITÉ
FINISSONS-NOUS LA VIEILLE MÉTAPHYSIQUE HUMAINE
DES INDIVIDUS DIFFERENTS, AMBIVALENTS, RAISONENTS . . .
MARCHONS, MARCHONS !
Le Nomade, menace avec son flingue !
« Quel HORREUR, vieux PHRASEUR !
Tes Heures sont Comptées ! »
André Herbst, terrorisé :
MES HEURS ?
Vacances, Voyage, Vie dans le Désert Finis ?
Le Nomade hors de lui, lève le revolver et vise vers le capot
Vaterarschloch !
TROU DU CUL DE PÈRE
Tais toi ou je te . . . TUE !
TRAITRE À TOI MÊME
TRAITRE AUX DROITS DE L’HOMME
Mao in den Arsch gefickt
Enculé Mao Tse-Tung, Tse-Tung, Tse-Tung . . . »
André Herbst bredouille, balbutie en criant
TOUTEFOIS MAO A CHASSÉ LES JAPONAIS DE LA CHINE, NON ?
TOUTEFOIS MAO A GUIDÉ LES CHINOIS SUR LEUR CHEMIN MODERN
Au moins, au moins . . .
Le Nomade à bout de lui même, gesticule sauvagement avec son flingue
T’AS TROP BAISÉ
AU LIEU DE PENSER, Barbe Bleu !
Pourquoi tu m’as pas Tué, Avorté
Comme tous les autres bébés de tes nuits D’AMOUR
MOI NÉ PAR HASARD, PUR HASARD D’UNE VIRILITÉ VERTIGINEUSE
D’UNE FERTILITÉ FÉMINNE CHARCUTIÈRE
AH, MA MÈRE, MA PAUVRE MÈRE . . .
Hors de lui-même, il tire à André Herbst qui titube, comme s’il était blessé, exclamant :
TSE-TUNNNG ! TSE-TUNNNG ! TSE-TUNNNNNNG !
Et là, tout en titubant, André Herbst cogne la statue voilée à droite, la regarde de plus en plus consterné, veut s’enfuir, s’enfuit vers le public et s’adresse finalement à voix basse, très basse à cette apparition incroyable, la dévoile et dévoile une vieille Gitane mince, les pieds nus ave qu’une sandale, costume rouge pâle avec des petits miroirs rond étincelants, un vieux chapeau chasseur brun-vert sur ses cheveux blancs longs, entre ses lèvres un porte cigarette
Unglaublich ! INCROYABLE
Une Gitane ? Sorcière du Désert ?
D’où sortent-ils Tous, ces Êtres Fantômes ? De quel NID déserté ?
Craintif !
Permettez ! Qui êtes Vous alors ?
André Herbst circule autour d’elle, banni :
UNMÖGLICH
PAS POSSIBLE
PUTAIN DE DIABLESSE !
Il rit comme un fou :
Ce n’est plus une PANNE, mais un PIÈGE, une EMBUSCADE !
Il tape nerveusement avec son typo d’abord le Capot, après le Nomade et il lève la main vers la Gitane :
PUTAIN DE FEMME!
Et il tape la gitane avec son typo
Putain de Pluie, de Piste, de Flaque, de . . .de la VISION ? 
Il recommence à tituber et glisse derrière la vielle Gitane, prend sa porte cigarette, se la met délicatement dans la bouche, tire un bon coup, sourit et commence à parler d’une voix en peu plus haute mais douce, très douce
N’ayez pas Peur mes Enfants, mais NON
Je ne suis pas ni un Fantôme, ni une Momie
Je suis votre MAMIE, je vous apporte à MANGER
Regardez mon Panier avec du Pain, du Pâté, du Bon Cantal et du
Bon Cahors
Il glisse derrière le Nomade
J’ai plus faim moi, mais j’y crois, je crois aux Fantômes
C’est MÉMÉ! Ma MÉMÉ
Disparue avant mon Arrivé : Moi NÉ, elle SUICIDÉE !
SCHEISSSPIEL !
Quel FAMILLE !
Derrière la Gitane, peu autoritaire :
Tais-toi, Petit ! Pas de Blasphèmes !
Tout s’explique, même le Sort de mon Fils Maoiste
Qui me dira maintenant et sans que j’attende
POURQUOI il a Lorgné de loin, Collaboré avec ce Grand Tueur
C’était pas mon Éducation, tu sais
Parle donc, pauvre Fils Raté d’une Mère Raté
Parle-moi de tes Années après ma Mort
André Herbst derrière le Capot :
Je . je . . . je ne . . . vraiment . . . comment dirais-je . . .
La Gitane, en sussent son porte cigarette, se moque :
Tu bégayes encore ?
À ton âge ?
Pour elle-même !
Quel Honte, pour une Mère ! 
La Gitane ricane, André Herbst reste DEVANT le CAPOT et essaye de répondre :
Vous avez Raison, Madame !
Un Bégayeur Maoiste, vous comprenez . . .
Mais pourquoi, Merde ?
Gitane, caresse son arrière tête :
PARCE QUE ! C’est le secret de notre famille
Moi aussi, il m’est resté un petit défaut dans la tête depuis . . .
Depuis la Guerre, un ombre noir, tout derrière quel que pars
Qui m’assombrit déjà de mon vivant
Qui s’élargissait et m’a fait Tomber, finalement
Ah, cette Région Noire, jamais sorti depuis . . . seulement aujourd’hui
André Herbst saute DERRIÈRE son CAPOT, comme un singe :
Aujourd’hui, pourquoi aujourd’hui ! Tant pis !
Nous vivons Tous dans une Crise profonde
Même les plus Éclairés, les plus Gais à la Télé !
AHHH . . .
Il commence à marcher, à courir entre le CAPOT, le Nomade et la Gitane en gesticulant :
Comme ils sont Tous si Heureux, Tous ces Gens Célèbres
Comme ils courent, devant le Fouet de leur BONHEUR !
Ils sont tellement Heureux, tellement heureux
Ils rient toujours ce Rire, ordonné d’un Docteur Dictateur !
Là, le nomade commence à danser sauvagement et il chante :
Es geht alles Vorüber, es geht alles Vorbei . . . tam tam
Il s’arrête, murmure :
Rien n’est Passé et tout, tout Revient !
Comment vont-ils sortir de la Crise qui est plus que financière. . .
Sans Partir dans un Nouveau Désert Totalitaire
Favorables aux Nouveaux Crimes Commis Collectivement
Il serre sa cravate de câble
So wie wir wieder Hunger schieben
Dès que nous aurons Faim et Soif de nouveau . . . ou . . . PEUR !
Au petit Matin ou dans l’Ennui d’un dimanche après-midi
Nous sommes PRÊTS : PLUS QUE PRÊTS À EXPLOSER
À COUPER COURT AUX CIRCUITS DE LA VIOLENCE, DE L’ANGOISSE
André Herbst :
Qui ma Cassé ma Chignole ?
UNE FLAQUE, UNE PAUVRE FLAQUE
Dont je ne sors pas Depuis, Dont je suis Prisonnier . . .
André Herbst hésite, hésite et puis il menace la gitane avec son typo :
MADAME !
Vous faites semblant d’être ma Mère, alors je prends l’Occasion
Pour le confesser : Votre Suicide ne m’a pas pris le courage de la Vie
Au contraire : Il me fallait que la Changer, La Vie
MAIS, la Vie des Autres, naturellement !
Qu’importait la Mienne . . .
Là, le Nomade Éclate en rire :
NATUREL-LEMENT, DIT IL
DASS ICH NICHT LACHE !
PAPA, LE MAO-LARD, DANS SON ART DE CHANGER LES AUTRES
SAUF LUI-MÊME !
Gitane, triste :
Ne rit pas trop, Petit, ta vie aussi n’est pas à Toi, elle est donnée
Un Grand Cadeau . . .
Dem geschenkten Gaul, schaut man nicht ins Maul, n’est pas?
Francais ……
André Herbst, éclate :
Madame du Désert, maintenant je comprends
Ma Naissance par Forceps, tout bleu et le Nez à travers
Maman, faut pas croire en Dieu, faut faire mieux !
Nomade, très gai :
Moi, je crois aux fantômes et en Dieu et . . . et . . .
André Herbst, explose :
Et Pourquoi tu l’as fait, pourquoi tu t’es Tué, TOI AUSSI ?
Gitane, très douce :
Laisse-le Parler, ton FILS ! Ce n’est pas ton FIFI
Nom de Dieu ! Tu n’as pas compris ?
André Herbst sans aucune patience, court autour du CAPOT et aimerait bien les chasser, ces Deux-Là, avec son Typo :
Haut endlich ab, ihr Arschlöcher
Fichez le camp, Trous du Cul!
André Herbst, moins fort :
Sucez-vous Vous-mêmes : VAMPIRES !
VOUS m’avez POUSSÈ dans l’Abime de ma Vie
Ma Mère m’a coupé de mon Origine, mon fils m’a coupé mon Avenir Vous m’avez coupé les LIENS de ma Vie
VAMPIRES QUE VOUS ÊTES !
Pas étonnant que je me suis jeté dans les Bras du Grand PÈRE Chinois
Piégé, je suis devenu son Esclave Allemand . . .
Gitane, ne veut pas le croire :
À cause de MOI ? Mère Berlinoise ?
André Herbst qui éclate en rire et imite la Gitane :
Si, Si, cela venait bien de toi, cette persuasion de Sauver le Monde
D’AIDER, AIMER, TOUJOURS AIMER . . .
Le Nomade, avec amertume :
Les FEMMES, surtout les FEMMES, n’est-ce pas, Papa !
En colère !
T’as Trompé ma Mère
ADULTÈRE DU PER MAOLARD !
La Gitane, choquée, elle demande au Nomade :
C’est vrai ? Mon Fils comme son Per ?
Hommes à Femmes tous les Deux ?

Qui ne supportait plus ce Monde des HOMMES, toujours des . . .
Le Nomade, super content :
. . . HOMMES ! BRAVO, MÉMÉ, BRAVOOO !
Moi je ne les aimait pas trop non plus, ces HOMMES
Quand même que je . . . en tout cas très Dommage, Grand Mère, Qu‘on s’est pas croisé sur Terre . . .
Restons ensemble maintenant et Prenons-Le avec . . .
EN ROUTES, EN ROUTE !
ON THE ROAD AGAIN, ROADY ROAD, ROADY ROADY ROAD AGAIN
Et là, il fouet avec le long câble noir de sa cravate le pauvre capot, mystérieusement . . . le Moteur se remet en Marche et il chante :
HALE HALE HALELOUJA
OH WHEN THE SAINTS, OH WHEN THE SAINTS, OH WHEN THE SAINTS GO MARCHING IN . . .
L’HOMME disparaît dessous le capot, Bruit du Moteur . . .


(Sous l’arbre des Épines du Chameau)
Silence
Le Nomade cherche quelque chose sous le CAPOT, fait des bruits, se cogne quelque part, ses boucles rouges se font voir de temps en temps, là, il se lève avec un petit arbre dans sa main et le pose devant la Gitane et dit :
C’est tout ce qu’on a comme Verdure ici, ce petit Misérable, sorte d’Airable ou Bonsai du Désert, regardez-le !
Il le regarde, tourne autour, lève la main devant ses yeux, pour voir plus loin et éclate :
Tout le Reste est mort, il me semble : que des Pierres, des Sables
Et de la Poussière autour de nous et ce pauvre petit arbre
Quel Destin Malheureux, quel Avenir, quel Avenir
Il tourne autour du Capot et regarde dessous :
Et Papa, qu’est-ce qu’il Fait ?
Il dort du sommeil des JUSTES, dans la 2 CV
Et Nous, nous enuisons ? dans ce Soleil de l’Enfer sans aucun ombre
Encore Papa d’ailleurs, son choix pour notre Pique Nique
TOUJOURS TRÈS AUTORITAIRE !
Gitane, protestant :
Pas Seulement !
Tu n’as pas vu son dernier Regard sur les Noyaux de Cerises
Avant sa Sieste, quand il les a Crachés dans ce Sable Brulant ?
Les Apitoyant, prêt à les Sauver, à les Reprendre dans sa Bouche
ces Noyaux Absurdes
Qui Brillaient dans leur Jus Rouge Charnu, Perdus pour Toujours
Dans ce vaste espace, desséché jusqu’à l’horizon
Le Nomade tourne autour de lui-même, avec ses bras étendus, comme s’il voulait s’envoler :
Quel Lieu Dangereux pour Nous aussi, tout seuls Ici
Pas besoin de l’Empathie pour n’importe qui ou quoi
Gitane :
L’empathie tu l’as ou pas, mais Lui
Elle montre vers le Capot
Il l’a et ça vient de Moi, nous sommes comme ça :
Sensibles jusqu'à la Folie
Une fois, écoute bien, peu avant la Fin de ma Vie
Nous nous disions Au Revoir pour la dernière fois, sans que lui
le savait
La Gitane, avec son vieux Chapeau, Derrière le capot !
Sur un grand Carrefour d’AUTOROUTE
Je le vois encore, dans le Rétroviseur de ma Volkswagen, lui la main
Levée . . .
Elle regarde dans le rétroviseur !
Mais moi, Mauvaise Mère, j’oublie de lui faire le Signe d’Adieu
Am Ende kein ADIEU von mir !
Tu comprends?
Et après, que lui est arrivait quand il faisait L’AUTOSTOP
Un TONNEAU, dans la voiture qui l’avait pris . . .
Voiture !
Il glissait vers la Mort alors, mais Survit, peu avant je me donnais
la mort
La Gitane à sa place, avec son Chapeau !
Pas d’A-DIEU, tu comprends ?
Nomade, serré !
Trop bien, Mémé :
Mais quand même, le Sentimentalisme ici, c’est pas bon
Trop dangereux dans un DÉSERT, tu sais
Tous ces foutus Sentiments et Pressentiments . . .
Faut les Tuer tout simplement, Tuer Tout en NOUS-MÊME
Faut se DÉFENDRE, MÉMÉ, ATTENTION!
La Gitane, montrant le Capot, riant un peu :
Lui-là, bien sur, mais Nous ? Pourquoi nous encore ?
Et toi, d’ailleurs, tu n’as pas bien réussi à te défendre, FINALEMENT !
Le Nomade, mélancoliquement :
C’est vrais, MÉMÉ !
Mais, justement, parlons de Toi un peu: Pourquoi tu as fait ÇA?
La Gitane, presque fâchée !
Ne t’occupe pas de ça, Petit !
Et dis-moi plutôt :
Comment ton père s’est-il fait Prendre, par le Collectivisme Chinois !
Lui, l’Individualiste, le SOLITAIRE!
Le Nomade, sarcastique :
SOLITAIRE, Lui ?
Solitaire SÉDUCTEUR !
Séducteur SÉDUIT, ça Oui !
Homme à femme, comme son père
D’ailleurs, tu dois bien le savoir, Toi la Femme de l’homme à Femmes
Gitane, amèrement :
TROP !
Trop BIEN !
Après un petit silence le Nomade s’écarte un peu vers le public, revient, se cache sous le Capot et revient comme André Herbst avec sa casquette de Mao, qui se frotte les yeux et s’exclame :
Ah, qu’est-ce ça fait du Bien, un petit Dodo !
Mais maintenant, il faut se mettre en route, EN ROUTE
MES CAMARADES
Il montre le Ciel !
Regardez donc ces Tours de Nuages Noires,
prêtes à nous tomber dessus
L’ORAGE arrive et nous, nous aucun Abris, sauf notre Petit Arbre Ici
Il fait un geste avec ses bras comme si tout le monde s’en allait, mais, il lui il se retourne, revient, regarde le petit arbre et, tombant à genoux devant lui, compatissant :
Sie haben dich beleidigt, Kleiner!
Ils t’ont insulté, n’est-ce pas ?
Bonsai haben sie dich genannt, Schweinerei!
Mais, ne t’en fait pas, ils ne Savent plus Rien ces Deux Étranger là
Ils ne sont ni d’ICI, ni comme NOUS
Il fait comme si le petit arbre l’écoutait à l’oreille, la main tendue, il chuchote à une voix évoquante :
………………
KAMEL /DORN /BAUM !
DU BIST EIN KAMELDORNBAUM, IN WIRKLICHKEIT!
N’est-ce pas ?
Je t’ai bien reconnu, NON ?
Tu es un Arganier, non ?
OUI, OUI, Crois-le moi !
J’en suis sûr, Super Sûr, si tu veux
NON ?
Alors je te lirai ce que j’ai trouvé sur Ton Espèce
Écrit, imprimé même dans un Guide Touristique 
Il montre avec son doigt son texte, et le lit en le faisant glisser, ligne par ligne :
Tu vas grandir, Petit !
Tes Racines vont se Prolonger, Plonger dans la Terre du Désert
Tes admirables Racines invisibles mais si longues
Te serviront à Boire dans la Mère des Sables
Et tu Survivras même leurs Tempêtes
ET LES HOMMES VIENDRONT POUR SE SCULPTER DES FLUTES DE TON
BOIS
ET LES FEMMES VIENDRONT POUR S’ENDUIRE De TON HUILE
DANS TON OMBRE
ET ENSEMBLE ILS SE GRILLERONT UN BON CAFÉ
VOILÀ TON AVENIR, MEIN KAMELDORNBAUM
N’oublie pas tout cela
MON ARGANIER
AUF WIEDERSEHEN, MEIN LIEBER !
ADIEU ADIEU . . .
Nomade, vexé, saute d’un pied sur l’autre, fait le signe de Churchill, avec deux de ses doigts et crie :
Victory ! Victory !
Vieux Phraseur !
Fait le « Fuck You ! », avec un de ses doigts !
Phraseur de Phrases sur les Erreurs Humaines, sur la Nature si Belle
Trop beaux, trop bêtes tous ces jolis Mots
Je n’y crois plus, Moi
Moi je crois aux IMAGES
Moi, le PEINTRE que je ne suis pas devenu . . .
MAIS REGARDEZ, REGARDEZ DONC :
Il met la main devant ses yeux, pour mieux regarder . . .(PEINTURE !)
Vous voyez au loin de l’Horizon ces Étranges Oiseaux D’AUTREFOIS ?
Regardez comme ils scintillent dans la Chaleur Infernale ?
Eux AUSSI on les Insulte, quand on dit :
Ils ne vivent qu’avec la Tête dans les Sables !
AU CONTRAIRE AU CONTRAIRE
Les autruches sont de VRAIS ICARES, jamais elles ne Tombent du Haut
Du Ciel
Qu’elles traversent depuis 55 Millions d’Années Déjà
ET REGARDEZ ENCORE :
COMME ELLES DANSENT LEURS NOCES
LES BECS AUSSI ROUGES QUE LEURS JAMBES
Il commence à piétiner le sol, comme s’il était brûlant
ELLES RUGISSENT COMME DES LIONS
ELLES MANGENT DES PIERRE, POUR MIEUX DIGIRER
ELLES BOIVENT LA ROSE DU MATIN . . .
DOUCES MAIS FORTES COMME ELLES SONT
Elles sont comme Moi, vous savez :
MOI qui court 70 kilomètres à l’heure
En faisant des Crochets de Lièvre, quand je fuis les Hommes . . .
Jamais je ne Tombe, personne ne m’Attrape . . .
Il saut, fait des crochets et crie
Regarde, Papa !
Tu me vois, MOI, Papa ? 
Ton fils L’AUTRUCHE, ton fils ICARE ?
Comme je suis devenu ROUGE
ROUGE de Sang de ta Servitude Chinoise ?
PLUS FORT ENCORE !
SCHAU HER, HIER HER ZU MIR VATER !
Il dance lourdement, en transe !
Je tombe si tu ne me regarde pas !
REGARDE-MOI POUR UNE FOIS, LA DERNIÈRE FOIS !
Comme je suis devenu Lourd dans ma vie, beaucoup trop Lourd
LOURD DE TOI, PÈRE !
MAIS MON COU, SI MINCE 
SI FAIBLE, SI FRAGILE avec ce POID LOURD plus bas . . .
Il Croasse, Râle, se Griffe à la Gorge et se résigne :
Tu ne me vois pas, tu n’a jamais rien vu TOI
Tu me n’a jamais vu MOI ni Ta Mère dans notre Détresse
Rit horriblement et il commande brutalement !
TOUCHE MOI ALORS SI TU NE ME VOIS PAS
TOUCHE MES BOUCLES BLONDES d’autrefois
DEVENUS ROUGES, ROUGES FEU
André Herbst touche les cheveux de son Fils . . .fait un sursaut parce qu’il se brûlait les doigts et éclate : 
AAAIIIIIEEEEE !
Le Nomade, sarcastique :
FINIS! FINIS ta Sentimentalité, Papa HERBST !
PISSONS !
Devant le petit arbre !
PISSONS DESSUS !
SANTÉ, SANTÉ À TOI L’ARGANIER ET
SANTÉ À VOUS TOUTES LES ’AUTRUCHES DU MONDE
PROST GESUNDHEIT DANKESCHÖN !
La Gitane, toute dégoûtée :
Qu’est-ce qu’il est Vulgaire, mon petit fils !
MAIS, fais-Le, FAIT-LE DONC!
Fais-le devant Tout le Monde, si tu Peux,
Si tu en as le COURAGE
Le Nomade, s’éclate :
COU / RAGE?
Moi, pas de COU/RAGE ?
Moi qui ai glissé, mon COU, DE RAGE dans la CORDE, mon CÂBLE ?
Et il fait comme s’il pissait sur le petit Pêché  . . . et s’écarte en criant :
L’ORAGE !
L’ORAGE ARRIVE . . .
Bruit de MOTEUR !
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( Nuit de la Tempête de Sable)

C’est André Herbst qui revient, s’arrête derrière le capot, fait un pas en avant et met la main au dessus de la visière de sa caquette de MAO :
Quel Bâtiment Bizarre devant nos Yeux
Quel étrange Hasard de l’avoir Trouvé, juste avant que la Nuit
Tombait
Sur une Route qui n’était qu’une Piste
Sur une Piste qui se Perdait dans ces Sables Sans Fin, sans Fonds
ME VOICI à la Fin de la Recherche de Moi-même ?
L’Ancien Utopiste Maoiste devant cet Avorton d’un architecte
Il montre sur la photo agrandi suspendu au Câble Noir
Devant ce Mélange entre Gare Abandonnée et Hôpital Malsain
Avec son Tuyau Blanc, Perdu par une Locomotive, Autrefois,
Au milieu de ce Bloc en Béton Armé
Diffusant la Fonctionnalité d’une Haine Humaine
D’UN CORBUSIER, D’UN CORBEAU BLANC
SONGEANT AU MAL DERRIÈRE SES PAUPIÈRES FERMÉES
SOMBRANT DANS DE SOMBRES PRESSENTIMENTS
QUOATH THE RAVEN QUOATH THE RAVEN D’EDGAR ALLEN POE
Il recule et regarde autour
MAIS, Devant mes Yeux aussi les DUNES si BELLES, si NUES
Ondulantes, Formants les Corps des Femmes Fatales
(Photos des femmes nues égyptiennes d’Ingres, de Courbet ?) 
Faussement Douces, Maitresses des Vents, des Tempêtes
Leurs Seins frôlés par des Orages, dressés, façonnés par les Rafales
Leurs CHAIRS DE SABLES Déformées, Éffacées
Quand le Désert se LÈVE, ÉCRASE, COURVRE ET SUFFOQUE TOUT
Et Pourtant si Calmes, si Belles MAINTENANT encore
Majestés Mystérieuses, Fières dans leurs Regards sur le Torrent
Qui Mouille, qui Chatouille les Pointes de leurs Pieds
Ce Torrent Bouillonné, Cabré, Révolté Aujourd’hui
Petit Ruisseau déjà Demain, disparu Après Demain
QELLE VIE RIDICULE, RIDICULE COMME MOI DANS MA VIE
Révoltée, Ruisselée, Ruinée et puis rien, rien
Nomade touché, presque doux :
Laisse couler, Papa, laisse couler
Regarde-moi cette Beauté de ces Coléoptères Noirs comme ils Filent entre nos Pieds
Il recommence à sauter, d’un pied à l’autre !
Fais Gaffe, Papa ! Qu’ils ne te mordent pas !
Gitane, calme :
Mais non, mes enfants, ils ne Mordent personne
Ils savent se Comporter depuis toujours
Déjà dans mon enfance, après la Grande Guerre
Ils Sortaient tous noirs sous le Cercueil de ma Tante Adorée
Pour se Faufiler un peu pendant le Service Funèbre
Beaux comme CLÉOPATRE, ces COLÉOPATRES . . .
Qu’est-ce j’en ai RI, RI, RI, Ri . . .
André Herbst se promène, tourne autour de lui-même, s’arrête et dit :
Bien Mangé, bien Bu et bien Fatigué
Je suis prêt à me coucher, mais où, dans cet Abris
Dans ce Temple aussi Moderne que Macabre
Les Grands Fenêtres Cassées depuis longtemps
Que des Passages confortables pour la Pluie et la Tempête se LÈVE
Gitane, ricane vers le capot :
Vas te Coucher, mon Grand !
Mais pas de Cauchemars cette Nuit !
La Gitane attend un petit moment, soupire et sourit au Nomade :
FINALEMENT !
Finalement nous sommes entre Nous, dis moi donc :
Tu m’as pas mal Doublé, quand tu t’es décidé pour la Corde, non ?
Nomade, s’agrippe à sa cravate de câble :
Une Corde ?
Un CÂBLE ! Un Câble Électrique
Et . . . je n’étais pas Décidé ? NON !
J’étais POUSSÉ ! Plutôt POUSSÉ de quelque chose !
Poussé dans un Lacet noir
Il serre le câble autour de son cou, jusqu’au moment où il croasse :
Je ne pouvais plus . . . tirer . . . mon épingle du jeu, si tu veux
La Gitane, sévère :
Non, je ne veux pas, pas ÇA !
Arrête, arrête tes Gestes Obscènes !
Le Nomade n’arrête pas, sarcastique :
AH, AH, AH
Mein Strick, meine Schlinge
Mon Câble Électrique, ma Corde Excentrique
Qu’est-ce qu’elle m’a bien Servi !
Sur une Chaise Branlante, à moitié Cassée elle aussi déjà
Qu’est-ce qu’elle Grinçait, Grinçait cette Chiotte de Chaise de ma Vie
André Herbst, invisible sous le capot, cri comme dans son cauchemar :
LA TEMPÊTE LA TEMPÊTE
LE SABLE, DES TONNES DE SABLE SUR MOI
JE SUFFOQUE, SUFFOQUE, SSSS . . .
La Gitane, en colère :
Tais-Toi, Réveille-Toi, Fils !
C’est n’est pas Toi qui Suffoque, qui Crève, qui . . .
Laisse-le donc Parler Avant, qu’il . . . qu’il . . .
Avant qu’il nous parle de ses Dernières Images, Images d’avant La
Mort . . .
Parle, Parle Petit, de tes Peintures plus jamais Peintes:
Je Veux les Voir Tes Peintures Mortelles, les Tiennes, les Miennes
Les Nôtres, les Nuits, Les Nuits . . .
André Herbst toujours sous le capot, hystérisé :
Mais vous, vous êtes Fous, complètement FOUS tous les Deux
Toutes ces Tonnes de Sable QUI NOUS ÉTOUFFENT É T O U F F F F
Gitane, autoritaire :
Tais-toi, TROUILLARD DE MAOLARD !
C’est quand-même ton histoire AUSSI, qu’il va nous raconter
C’est ta Dernière Chance de l’Écouter, ton seul fils . . .
Vers le Nomade :
Lâche le Câble, PARLE, PARLE . . .
NOM /DE / DIEU !
Le Nomade :
Verfluchte Scheisse !
J’AI TOUT VU AUX DERNIERS MOMENTS!
TOUT VU, TOUT !
D’abord TOI, Mémé, crois moi
TOI dans ton GRENIER, comme Moi dans le Mien
GRENIER ABANDONNÉ, ABSOLUMENT ABANDONNÉ
VERLASSEN, DU, VON ALLEN VERLASSEN
TOI, au Milieu de tes Meubles Déménagés
TOI, comme tu te Couches sur ton Canapé Vert du Salon
TOI, Bourrée de Pilules pour Dormir, Dormir . . .
TOI, comme tu te Peignes, pour la toute Dernière Fois
TOI et ton tout dernier regard dans le Blanc de la Cuvette Émaillée
En Bas, aux pieds de ton Canapé Préféré
MAIS MÉMÉ :
Toi, tu étais encore là, encore Vivante, Respirant,
Toi, tu n’étais pas encore ICI, CHEZ NOUS ICI,
DANS L’Empire de LA POUSSIÈRE !
Il tousse !
POURQUOI POURQUOI POURQUOI
La Gitane l’interrompe avec un geste brute de son bras et cherche quelque chose :
LA CUVETTE !
OÙ EST MA CUVETTE, MA CUVETTE ÉMAILLÉE ?
AU CAS OÚ . . . OÚ ON NE SAIT . . . JAM/MAIS !
Faut pas, Faut pas que je rate, que je rate ma MORT
Il FAUT que me ne Réveille plus jamais . . .
Pour ne PAS VOMIR, PLUS VOMIR !
Le Nomade, rassurant :
Rassure-toi ! Tu n’as plus Vomi ! C’est finis ça . . .
La Gitane :
Comment tu le sais ? Toi aussi, tu n’étais pas là, dans mon Grenier
Le Nomade :
Qui, parce que je n’EXISTAIS pas, pas encore
Cette Cuvette toute blanche était LÀ, déjà avant MOI
Mais TOI tu n’étais plus LÀ
La Gitane, bien joyeuse :
Merci, Petit
Cela me soulage vraiment, tu sais, de savoir
Comment je suis Partie, pas de Vomi, bien coiffée . . .
Elle rit, en se moquant d’elle-même :
Ridicule, ridicule moi, mais toi, tu as vu d’autre chose encore
Au Dernier Moment, j’en suis sûr, mon Petit-Fils Audacieux
Nomade, s’allume une cigarette, tire un coup et dit :
C’est vrai ! MON PÈRE, j’ai vu mon PÈRE
Il fume !
Mon Père MAOLÂTRE
Se promenant dans une Vaste Plaine, une sorte de désert
Rempli de Milliers de Fourneaux, pour Faire Fondre du Fer en Chine
Photo !
Pour Produire des Canons au lieu de Cuire le Riz
Les Gens Chantaient, Chantaient en Travaillant
Chantaient le Vieille Chanson de la Révolution
Il tire un sifflet de sa poche et siffle la mélodie de la Marseillaise, après il chante  : 
Mangez le FER de la Patriiiéee
Les Jours d’ENFER Sont Arrivés
MANGEZ MANGEZ . . .
Il va derrière le rétroviseur, regarde dedans et dit, très calme :
Mais Regarde, Mémé !
Juste à côté, à côté de champs de Travail de Fer, qu’est-ce qu’ils font Ils tuent, ils fusillent, les Uns Debout, les Autres à Genoux
Foto !
MAIS, MÈMÉ ! C’est pas TOUT ! Pas TOUT !
Il essaye de se tirer en haut avec son câble au cou, visage incliné en haut, lorgnant :
Ma Bite Érigée . . . dans le Vide
Prête . . . á Baiser la Mort, Pieds Trépidants
Il chuchote, mais fort ! 
J’ai vu l’Enfer sur toute la Terre, Grand Mère
La Terre emballée dans des Nuages Gris-Noirs, Nucléaires
Mais, la plupart des Gens, Grand-mère, Toujours Heureux
Tellement Heureux de PARTIR, Partir en Vacances
Fous de leurs VACANCES, ils se massacraient dans les Aéroports
Dans les Gares, dans le Métro, aux Stands des Taxis,
Ils se Déchiraient pour des Vélos, totalement Fous dans leur Désir
De PARTIR, de se DISTRAIRE, de s’AMUSER, de s’OUBLIER
De se DÉTRUIRE sur les Plages des bords de Mer
Devenues Piscines Puantes, Puantes de Sueur, de l’Huile
De Pétrole Noir  Et ROUGE DE SANG
Gitane, très prudent :
Doucement, Petit ? Et TOI où étais-tu ?
Nomade :
Moi ? Sur les Épaules d’un drôle de Monsieur
Moitié Saint Christophe, Moitié Roi des Aulnes
Un vrai Monstre Maolâtre !
Et nous traversions la Lave de tous les Fours de Fer du Monde
LUI avec son Bâton de marche et un Mouchoir Rouge sur la Pointe
Devant le rétroviseur !
Regarde Méme, regarde moi sur les épaules de ce CHRISTOLÂTRE
Mes mains sur Crane, mes doigts qui ouvrent son Crane
Ce Crane, cette ÉCLUSE de Sang
Crachant des Masses Humaines, Armées jusqu’ aux Dents . . .
Et là, en s’écartant un peu, il tire Trois Fois avec son flingue . . .
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(Épilogue)
. . . et revient sur la scène vidée des silhouettes et de l’arbre aussi, seulement le CAPOT, qu’il regarde et le renverse d’un coup pour le bercer doucement
J’étais comme ça, bercé dans le ventre de ma Mère ?
Qu’est-ce que j’en sais
Pourtant je me Souviens très vaguement de ce Mouvement
Que je retrouvais à peu près en plongeant dans la Mer Baltique
Quand les Rayons du Soleil traversaient sa Surface
Me touchants moi, Membre du Monde Sous-marin
Métamorphosé en Poisson Illuminé dans une Pondération Parfaite
Sans Poids, sans Soucis au PARADIS . . . pas loin de l’ENFER, d’ailleurs
Dans la Bai de Lubeck . . . vous vous souvenez peut-être . . .
Sonnerie d’un Portable, il regarde autour, arrête de bercer le capot et cherche son portable partout, dans sa veste, ses pantalons, mais il ne le trouve pas, le trouve enfin quand même, tapote, attend, écoute et dit :
MARIE ?
Oui oui, c’est moi . . .
Bien sûr que je suis la encore . . . ICI, OUI !
Non, non, pas partis, plutôt revenu . . .
Pause
La Mer ?
Tu m’attends au bord de la Mer . . . ce soir ?
Moi tout seul . . . bien sûr tout seul . . . sans les Autres . . .
FEMMES, POURQUOI FEMMES, PAS DES FEMMES
MAIS DES FANTOMES, ils sont repartis . . . oui, ils ne reviennent plus
C’EST RÉGLÉ !
Ils me sont monté à la tête, ils m’ont Réglé mes Comptes, enfin . . .
Nous avons pas mal rodé, tout les Trois . . . oui, Trois . . .
UN VRAIS ROADMOVIE, tu comprends . . .
Deux Femmes ? Pourquoi FEMMES ?
FANTÔMES, FANTÔMES, JE TE DIS . . . mais non, je ne les amène pas
MAO non plus, non . . .
Quoi ? . . . Mao en MOI ? . . . COMMENT ÇA, Marie ?
Mao en MOI, d’accord Marie . . . Macho en Moi, d’accord, d’accord
Tout le Mal du Monde en Moi, d’accord Marie
Mais TOI, pourquoi pas en TOI aussi, Marie . . .
Ah, d’accord Marie, d’accord : Nous porterons le Mal tout les Deux
Sur nos Épaules, Nous les Porcs sur nos deux Pattes
Les deux Porcs Nus dans Pré Fleuris du Monde
Reconnaissons Nous, Rencontrerons nous ce Soir
TOI et MOI, dans notre Nudité Humaine
Plein de Défauts, plein de Doutes, de Désirs . . .
MARIE ?
Tu m’écoutes ?
Tu es la, tu es encore la ?
Tu seras la, ce soir, au bord de la Mer . . . 
Il regarde son portable, le tient un peu loin de soi, secoue la tête, résigne, le ferme et soudain il renverse le capot et dit :
EN ROUTE !
ON THE ROAD AGAIN !
Fais Gaffe aux Flaques, foutues Flaques, foutues Flaques . . .


LES CHANT’ ELIERS
Présentent
« ANDRÉ HERBST ROADMOVIE »
Première Étape du Travail
Écrit et lu par
Eckhardt Momber
En collaboration avec Geneviève Momber
Au Bar Le Cantal, 62 rue des Carmes
Samedi 5 juin à 20.00 h




André Herbst, nom de Guerre d’un ancien Extrémiste, réalise un de ses plus grands rêves : Changer sa Vie, aller dans le Désert ! Là, deux Êtres mystérieux l’attendent, un jeune Nomade et une vieille Gitane, qui le prennent en Otage. La Mort menace, mais l’amour aussi.
Les Chant’eliers présentent une fois par mois, au Bar du Cantal, à 20.00 h, tout ce qui enfièvre les Artistes encore inconnus ou trop timides pour présenter leurs  textes, peintures, sculptures, danses, films ou musique . . . Un Petit repas convivial sera roposé ensuite pour ceux qui le veulent. Prochains Chant’eliers :
10 juin : PHILLIP MARTEAU, Sculpteur







Autour de Roudi

Roudi vit avec nous, ses amies les juments, les chats et les poules quelque part en Auvergne. Parfois Roudi me regarde avec un œil tellement humain qu’il me fait penser à Lucius, le pauvre, qu’on a transformé en âne, L’âne d’or d’Apulée ; vers 125 après JC. Bien que cet âne, le fameux héro du premier roman de l’Antiquité, et Roudi dans son pré, vivent dans deux mondes tout à fait différents, ils ont quand même une chose en commun : Ils observent tous les deux les comportements bizarres si non atroces des êtres humains. Et j’imagine qu’ils ont de temps en temps envie de s échapper, de partir loin . . . Comme cet âne que je pus observer au cours du printemps 2004, alors que je me trouvais à bord d’un porte-conteneur qui me ramenait en Europe, après 20 ans passés au Japon.

Alors que défilait comme en rêve, sous mes yeux, l’Egypte du canal du Suez, j’aperçus us un troupeau d ânes, dont l’un s’échappa pour foncer droit vers le désert. Le frère de Roudi ! Et son propriétaire jurait et fouettait son ânesse, petite sœur de la Modestine de Stevenson, et lui donnait des coups de talons dans le ventre pour la lancer à la poursuite du pauvre fugitif…

Me voici donc maintenant en Europe, mais c est seulement il y a deux ans que je me suis décidé, l’hiver 2008/9, à écrire dans la langue de mon pays d’élection. Qui sait ! Si je ne m’étais pas cassé la cheville devant ma porte cet automne-là, j’aurais peut-être continué à écrire en Allemand. Et à vrai dire, j’ignore encore aujourd‘hui si quelqu’un, dans l’océan de Google, peut s’intéresser à ce que j’ai écrit et continuerai à écrire.