mardi 26 avril 2011

Nostalgie de la Barbarie 2

        Autour de moi, une foule d’hommes-chiens en uniforme vert : des bourreaux, des victimes, des témoins et moi. Parfois aussi un plaisantin, un gibier de potence, un bouffon. Le monde à l’envers ! Ses énigmes me donnent le vertige. J’ai besoin de m’asseoir. J’arrive tout juste à atteindre une banquette où un jeune homme est assis. « C’est moi le peintre », me lance-t-il en guise de salutation. Il me demande s’il peut m’être utile. D’emblée, la discussion s’engage sur ses tableaux.
        Discuter avec un peintre sur son lieu d’exposition : trop beau pour être vrai. C’est alors que mon peintre m’avoue n’être qu’un fieffé menteur : « Je singe la vérité à l’aide de stratagèmes. C’est comme ça que je passe mon temps. »
        Ce serait vraiment trop beau !
        En réalité, je ne suis jamais allé à cette exposition tout droit sortie de mon imagination. Je suis assis à mon bureau. Au lieu des tableaux originaux, j’ai une véritable papeterie autour de moi : catalogues, reproductions, et une multitude de lettres ayant traversé l’Atlantique, signées de ce peintre dont, il y a peu, j’ignorais encore tout. Gregory Forstner dans son atelier de Brooklyn, à New York, et moi sur une colline d’Auvergne, où un épouvantable carnaval m’entraîne irrésistiblement dans la première salle de mon exposition imaginaire.
        Au-dessus de l’entrée, une inscription : « Dit Is De Minj ». Je m’arrête devant l’Autoportrait (1999) : Gregory Forstner incarne une marionnette, un jeune homme nu, sur une jambe, comme en suspens. Bizarre. Je me souviens de Sur le théâtre de marionnettes (1810/1811) de Heinrich von Kleist, paru dans les “Berliner Abendblätter”, je pense à la grâce d’un corps artificiel, dont les mouvements sont issus d’un centre de gravité caché et traduisent les émotions, l’âme du danseur. Tel est ce pantin dansant devant mes yeux, qui, malgré ses deux mains dressées vers le ciel, ne perd pas l’équilibre sur son unique jambe en contact avec le sol, du fait qu’il écarte l’autre, raide et grotesquement rallongée. Alors que j’étudie encore le trait du dessin, Gregory me laisse un message avec une anecdote : « Ah oui, cet autoportrait… Un jour, j’ai regardé une émission sur les handicapés mentaux avec mon père. Sur le chemin de l’église, ils saluaient vivement un prêtre en levant un bras vers le ciel. Ce salut m’a immédiatement rappelé notre ancêtre, un certain Adolf… Mais lorsque, transporté de joie, l’un des handicapés a soudain levé l’autre bras, j’ai éclaté de rire. Nous avons ri tous les deux de la pétulance du geste, qui dépassait tout ce qui avait pu me passer par la tête quand je pensais à Hitler. En singeant le salut hitlérien, le pauvre garçon l’avait ridiculisé, lui avait ôté tout son pouvoir. Il voulait pourtant juste dire bonjour au prêtre, peut-être même le serrer dans ses bras. Il aurait pu étreindre le monde entier, avec ses deux bras tendus. Comme moi, quand je suis ému, en mer ou en montagne. C’est un sentiment que nous connaissons tous, une attitude que nous prenons lorsque nous voulons imposer notre présence, lorsque nous avons redécouvert le monde et que nous voudrions pouvoir l’étreindre. J’ai réalisé ce dessin juste après avoir passé mon diplôme à Paris… »
        J’écoute religieusement le message envoyé d’outre-Atlantique et je me pose cette question : et si toute son activité artistique pouvait se résumer à cela, à cet exploit consistant à ne pas perdre l’équilibre en étreignant le monde ? N’est-il pas juste question de l’équilibre individuel de l’être humain face aux défis que lui lance ce début du XXIe siècle ? Comme l’a formulé Louise Déry dans sa contribution au catalogue de l’exposition Dit Is De Minj, Gregory Forstner « … s’agripperait alors à la paroi non pas de l’histoire mais bien du présent, pour trouver de nouvelles passes et pour entamer d’autres histoires. » Cela me convient parfaitement et correspond à cette tendance romantique que j’ai, de contempler mes propres abîmes.
        Je vais ainsi, de tableau en tableau. Je m’arrête, je passe en revue ces personnages aussi repoussants qu’attirants, en tout cas mystérieusement cruels et ridicules. L’histoire moderne de l’être humain, dans la peau du premier animal qu’il ait domestiqué : le chien. Voici une idée éminemment sympathique… qui remet en question tout ce que l’on a coutume de dire sur ce que l’on connaît, sur la communication et sur le consensus, aussi dangereux dans la critique que dans la consternation paralysante. Voyez l’air furibond des deux Gouvernantes ! Constatant que leurs ordres ne sont plus suivis d’effets, elles ne vont pas tarder à exploser de colère. Et ici, le Musicien, prisonnier de son instrument, ou encore ce Gentleman d’un genre douteux, avec son masque de médecin soignant les pestiférés. Nos contemporains sont entourés d’une bile noire-verte qui s’est dissimulée derrière les yeux de deux joueurs de cornemuse et qui brille dans le regard caché derrière les mains de deux bouffons tenant leur marotte : Jeder hat das seine, das ist meine (« À chacun la sienne, ça, c’est la mienne »). Chacun a son propre visage, son propre masque. Le premier bouffon nous regarde à travers ses doigts, le deuxième tire la langue à son masque. Le troisième a enlevé la main de son visage et montre du doigt la langue rouge, pointue et obscène que tire sa marotte. Le quatrième est indigné et singé par la sienne. Le bouffon numéro cinq, en froc vert militaire, berce sa marotte et nous regarde en riant, d’un air espiègle et malicieux. Pas un tableau sans énigme. Tous me montrent qu’ils se paient ouvertement ma tête et rient de moi sous cape. Leurs rires ne sont pas loin et me restent dans la gorge.


3, rue de la République

»Pardon à l’eau et à la mer » est le titre d’un article d’Yves Simon dans Le Monde du Dimanche 24 avril 2011, en dernière page. Ce titre est le début de la prière d’une jeune Japonaise en kimono qui continue : « nous avons fait tant de mal ! » Quel mal ? Le mal du tremblement de terre, du tsunami et de la centrale nucléaire sérieusement endommagée de Fukushima le 11 mars dernier. Mais, qui est ce Nous, d’abord? La jeune femme, sa famille, la grande famille des Japonais ? Depuis quand les êtres humains sont-ils responsables de leurs catastrophe naturelles ? Même s’ils le croient,  ils ne le sont pas ! Et ils ne le sont en aucun cas des catastrophes techniques et politiques. Là, les responsables portent des noms, ce sont des êtres humains, à désigner, à poursuivre, à juger et à faire payer au moins. Dans le cas de Fukushima, c’est l’entreprise privée TEPCO et le gouvernement actuel qui ont fait construire et négligé ensuite leur centrale avec ses six réacteurs, causant des morts et des malades maintenant déjà,  sans parler de l’avenir. Et c’est cela qui me gêne dans cet article qui fait admirer la grande sagesse de ceux qui vivent là, où ni la terre ni la mer ne sont faciles à vivre avec, mais sans faire la distinction entre cette sagesse et l’irresponsabilité d’un gouvernement et des compagnies industrielles nucléaires qu’il protège.
L’auteur, dans cet article, n’a justement pas voulu parler de Fukushima, dit ma femme, qui aime aussi  beaucoup ce Japon toujours à la recherche de la beauté et de l’harmonie. D’accord, je ne suis pas contre la beauté ni contre l’harmonie. Mais dans ces jours aujourd’hui et dans ce cas concret je suis contre l’harmonisation d’un grand conflit politique et contre une certaine servilité, bien à distinguer bien de cette sagesse dont on parle. L’obéissance japonaise me fait peur comme celle des Allemands sous Hitler et celle des Russes sous Staline. Qui n’avaient pas encore accès au Nucléaire, pur hasard aussi heureux qu’énigmatique. Imaginons ces deux systèmes totalitaires en possession du nucléaire !
D’ailleurs, les Japonais ne sont pas seulement serviles et calmes non plus, comme nous le savons depuis Nankin en 1937 où ils se sont comportés comme des barbares et depuis Narita en 1978 où ils se ont rebellés contre la construction de l’aéroport. Une fois pris de colère, juste ou injuste, les Japonais sont comme tous les autres peuples : terrifiants. Les Japonais savent non seulement s’indigner comme les Français mais se révolter comme les Arabes qui se sont sous levés au moment où nous tous avions presque oublié qu’ils en étaient capables.
A mon avis Yves Simon est allé trop loin avec son admiration pour le peuple Japonais. Ce n’est pas juste au Japon qu’on appelle cette attitude: Going native ! L’aspect divin de l’Empereur Japonais n’est rien de plus qu’un simple mythe comparable à celui d’un Führer. Le mythe sur l’Empereur divin est seulement plus vieux que celui des Nazis, tous les deux encore intacts et chacun à sa manière. Les mythes ne vivent pas loin des mensonges parmi nous. Le mensonge sur la sécurité du nucléaire par exemple fait part du mythe du progrès moderne et s’allie facilement avec notre désir de confort, et pas seulement au Japon. Le mythe de l’Empereur divin, c’est qu’il est le fils du soleil, de la déesse Amaterasu. Faisons attention chez nous et ailleurs à ne pas nous laisser aveugler par une explosion hydrogène ou une bombe atomique. Ma question à Yves Simon donc: Est-il pour ou contre le Nucléaire, pour ou contre qu’on sorte d’un avenir qui ne nous assurerait plus aucune harmonie ni beauté en ce monde?
Ps Le gouvernement japonais nous assure, le 25 avril 2011, que personne, parmi ses membres, ne savait qu’il y avait un risque d’explosion d’hydrogène à Fukushima . . .

mercredi 20 avril 2011

2 rue de la République

Heinrich Bosch
Pour tous ceux qui n’ont pas lu l’article du journaliste Praful Bidway, Bombay, -« Atome contre biodiversité à Jaitapur » dans Le Monde diplomatique, Avril 2011) concernant le Président Sarkozy, promoteur d’Areva dans le monde : Bien avant sa visite récente au Japon le lendemain de la méga-catastrophe à Fukushima, il a visité l’Inde le 26 novembre 2010. Dix jours avant, le ministre de l’environnement indien donnait son accord pour un projet de centrale nucléaire. En octobre 2010, le gouvernement indien avait fait adopter une loi sur le nucléaire délimitant les responsabilités des fournisseurs étrangers en cas d’accident. Car à Bhopal, l’explosion d’une usine chimique en 1984 avait fait au moins vingt mille morts et les victimes attendent encore aujourd’hui les indemnités. Cette catastrophe n’est pas oublié en Inde, surtout pas à Jaitapur, à quelques quatre cent kilomètres au sud de Bombay, où le partenaire d’Areva, la Nuclear Power Corporation of India(NPCIL), veut construire le plus grand  complexe nucléaire du monde en déracinant quarante mille résidents qui vivent des sources naturelles et des produits de cet écosystème : le riz, le millet, les lentilles, les légumes, les herbes, les poissons et les fruits, parmi lesquels la fameuse mangue Alphonso. Jaitapur est un des dix plus grands points chauds de biodiversité de la planète. Et c’est là que la NPCIL  veut construire prochainement six réacteurs de 1650 mégawatts(MW). Et détruire par la même occasion un écosystème qui possède la plus grandes densité d’espèces de plantes endémiques du pays : plus de cinq mille espèces de plantes à fleurs, 139 de mammifères, 505 d’oiseaux, et de 179 amphibiens – dont 325 sont menacées au niveau planétaire.  A quoi le but meurtrier de ce projet nucléaire me fait penser ? Est-ce que cela ne ressemble pas au premier commandement du Nucléaire? Tu ne dois pas avoir d’autres dieux à coté de Moi, même pas en Inde ou le soleil est forcement au pouvoir !  
      Le promoteur d’Areva en Inde et ailleurs dans le monde, bien loyal d’ailleurs au Pape présent, a probablement  entendu parler par ses négociateurs et parlementaires indiens  du fait que la NPCIL à d’abord essayé de diviser l’opposition anti-nucléaire et à joué la carte religieuse en incitant les dirigeants musulmans à s’engager en faveur de ce ‘plus grand projet nucléaire du monde’ et ce contre la majorité hindoue. Voilà ! C’est ce que j’ai dit dans mon premier message de la rue de la République un peu autrement : La mauvaise politique se cache derrière un masque religieux ! A bas ces masques hideux qui insultent les croyants ! Et il faut en finir avec les rudes pressions exercées contre ces citoyens éminents et chercheurs en science sociales reconnus, qui voulaient visiter la région de Jaitapur et qui ont été empêchés de venir. Début mars, un tribunal populaire, qui devait mener des auditions sur place, a été interdit et plusieurs militants ont été forcé de s’éloigner. Où on est, là ? Pas en France, non, mais Areva est bien français quand même ! Et qui sait quand nous aurons des répressions pareilles ici? D’ailleurs, on les a déjà eues, dans les années soixante-dix du dernier siècle. Vingt mille personnes sont venues manifester leur désaccord devant les grilles de la centrale du Superphénix à Malville le 3 juillet 1976.  Un an plus tard, le mouvement écologiste organisait un nouveau rassemblement qui a été brutalement réprimé : nombreux blessés, trois mutilés et un mort : Vital Michalon !   
     Areva est en crise et a un besoin urgent d’injection massive de capitaux. Les profits du leader mondial du nucléaire sont en danger. Et cela me plaît ! Qu’il triple et quadruple encore cette énergie non maîtrisable en Inde ou en Chine en même temps que son profit, cela ne me plaît pas. L’énergie nucléaire s’est fait connaitre très douloureusement comme non maîtrisable, ni par les hommes, ni par leurs robots. Après Hiroshima et Nagasaki, après Three Miles Island, après Tchernobyl et Fukushima, le faux Dieu Nucléaire nous a montré son visage sanglant en guerre comme en paix. On le connaît maintenant, de mieux en mieux. Personne ne pourra dire plus tard qu’il n’était pas au courant, chacun et chacune installés dans sa vie si confortable et super-sécurisé.
     Restons solidaires avec les pêcheurs et les paysans de Jaitapur et Fukushima et avec tous les militants antinucléaires ailleurs avant qu’elle nous détruise nous aussi, notre monstrueuse création.
PS
Peu après la rédaction de ce nouveau message, je lus hier soir dans LA MONTAGNE page 40, VITE DIT : UN ANTINUCLÉAIRE TUÉ. La police à tiré sur des opposants à un projet de centrale nucléaire du géant français Areva à Jaitapur, dans l’ouest d’Inde, faisant un mort.
J’étais triste comme si c’était un proche.

vendredi 15 avril 2011

Nostalgie de la Barbarie

Je me laisse volontiers séduire. Par une exposition, par exemple, d’où je ressors fatigué mais les yeux rassasiés. Cette fois, c’est une affiche qui a attiré mon attention dans la rue :
        Une femme en uniforme de soldat se fait cuisiner par un dentiste. Sur sa tête de mort, celui-ci porte une toque de cuisinier et jubile car ça va bientôt céder : il aura réussi à casser quelques dents à sa patiente. Vêtu de la tenue rayée bleue et blanche des prisonniers, le bras gauche dans une manche bouffante jaune, l’arracheur de dents tient fermement la soldate. Sous son bras, une mitraillette qu’elle braque, aveuglée par la peur ou la douleur, sur le témoin de la scène. Lui porte un casque d’acier, au-dessus d’une cigarette allumée qu’il tient dans sa gueule de chien. Il regarde la scène sans broncher. Mieux : le spectacle le fascine et l’exalte tant que son bras glisse du bord de la table – en fait, un tonneau marron. Le couple de soldats ne porte pas de bottes mais des pantoufles. Le tableau est intitulé The Witness (2008).
        Ça promet d’être gai !
Des rôles inversés. Un prisonnier qui torture le tortionnaire. Et pourquoi pas ? C’est plus que possible de nos jours. L’exposition dépasse toutes mes attentes. J’ai mis les pieds dans une galerie des horreurs ! Dans ma poitrine, Le Cœur aventureux (1929) de Ernst Jünger bat la chamade. La grande crise économique mondiale me traverse l’esprit. En flânant dans les rues de la capitale allemande, Jünger était resté en arrêt devant l’étal d’une “boucherie humaine”. Un sortilège malfaisant… Parfait ! Faute de changer notre monde en un tour de passe-passe, nous nous perdrons avec lui. Ce peintre est un magicien.  

"Nostalgie de la Barbarie" à venir

Courant mois d'avril je publierai "Nostalgie de la Barbarie" en plusieurs parties; essai sur le peintre moderne Gregory Forstner,

vendredi 8 avril 2011

1 rue de la République

Heinrich Bosch
Quels jours et semaines turbulents entre Fukushima, la Côte d’Ivoire,  la Libye et les présidentielles en France en 2012 ! Mais ce qui m’excite vraiment, c’est une simple règle, le statut du président Français, élu tous les cinq ans et pratiquement intouchable pendant cinq longues années. Une fois élu par tous les Français – et non par le parlement – il peut faire ce qu’il veut. Faire un saut au Japon par exemple. Pourquoi tout juste après la troisième catastrophe nucléaire mondiale, voler au Japon, le seul pays au monde qui a eu l’expérience de la bombe atomique ? Pour exprimer la solidarité de son pays? Pour apporter de l’aide ?
Peut-être pour une raison plus vulgaire, pour rassurer ses partenaires japonais au sujet du business préférée de Monsieur le Président des Français, leur chef-vendeur de Nucléaire.  Vive le Nucléaire ! Pas d’arrêt, ni de révision fondamentale. Pas de question de commencer à sortir du Nucléaire, jamais ! Au contraire : Avancer ! La quatrième catastrophe est bien loin et pas en France, c’est sûr. Moi, je suis le Président, l’élu désiré par les Français.  Et je pourrais même aider à organiser la dévastation du monde, comme quelques pauvres groupes minoritaires le pensent depuis quelque temps.
Comme moi d’ailleurs dans ma mansarde, 9 rue de la république. Mais, quand je regarde le ciel à travers mon Vélux, je pense et je pense encore aux prochains présidents élus et, disons-le : sacrés pendant cinq ans ! Cinq ans de plus vers la quatrième catastrophe nucléaire mondiale. Quelle patience civile dégoûtante, effrayante de la part d’un peuple traditionnellement révolutionnaire, démocratique et à l’esprit politique. Mais, est-ce qu’il s’agit encore de politique ? Est-ce qu’il ne s’agit pas plutôt – dans le cas du nucléaire en France – de religion? D’une vraie ? Avec une divinité dominante, entourée d’un groupe d’autres divinités, acceptant parfois l’offrande de victimes humaines et beaucoup plus que chez les Incas et pas avec une hache et sur une pierre de sacrifice Qu’est-ce que c’était barbare! Nous sommes civilisés, beaucoup plus civilisés : Nous serons radioactivés ! C’est plus propre et plus sûr finalement.
Et, encore avec mes yeux levés vers le ciel bleu et clair, qu’est-ce que je vois, qu’est-ce que je vois sur un nuage d’argent ? Monsieur le Président entouré de ses apôtres, chacun avec un stylo en or à la main, comme s’ils voulaient signer, en 2013, un nouveau contrat. Et quel contrat? Celui de la dernière, la plus nouvelle, la plus propre machine infernale à produire . . .  de l’électricité, bien sûr !       

Autour de Roudi

Roudi vit avec nous, ses amies les juments, les chats et les poules quelque part en Auvergne. Parfois Roudi me regarde avec un œil tellement humain qu’il me fait penser à Lucius, le pauvre, qu’on a transformé en âne, L’âne d’or d’Apulée ; vers 125 après JC. Bien que cet âne, le fameux héro du premier roman de l’Antiquité, et Roudi dans son pré, vivent dans deux mondes tout à fait différents, ils ont quand même une chose en commun : Ils observent tous les deux les comportements bizarres si non atroces des êtres humains. Et j’imagine qu’ils ont de temps en temps envie de s échapper, de partir loin . . . Comme cet âne que je pus observer au cours du printemps 2004, alors que je me trouvais à bord d’un porte-conteneur qui me ramenait en Europe, après 20 ans passés au Japon.

Alors que défilait comme en rêve, sous mes yeux, l’Egypte du canal du Suez, j’aperçus us un troupeau d ânes, dont l’un s’échappa pour foncer droit vers le désert. Le frère de Roudi ! Et son propriétaire jurait et fouettait son ânesse, petite sœur de la Modestine de Stevenson, et lui donnait des coups de talons dans le ventre pour la lancer à la poursuite du pauvre fugitif…

Me voici donc maintenant en Europe, mais c est seulement il y a deux ans que je me suis décidé, l’hiver 2008/9, à écrire dans la langue de mon pays d’élection. Qui sait ! Si je ne m’étais pas cassé la cheville devant ma porte cet automne-là, j’aurais peut-être continué à écrire en Allemand. Et à vrai dire, j’ignore encore aujourd‘hui si quelqu’un, dans l’océan de Google, peut s’intéresser à ce que j’ai écrit et continuerai à écrire.