vendredi 11 février 2011

Chaperon rouge

Chaperon rouge

Moi, qui aimait tous animaux, nos chevaux, nos chiens, chats, canards et surtout nos poules. En premier le coque. Ce coque que je dû décapiter sur l’ordre de mon père. La hache dans une, mon coque dans l’autre main, j’ai lâché les deux, laissé voler la hache et mon coque. Sans savoir plus tard qui suivre, la hache ou le coque.



Mais quand même, j’ai tué. J’ai tué le loup. D’un coup je l’ai tué, sans réflexion. Une action, action affreuse dans mon enfance. Pleine de monstre, d’énigmes. Moi le plus grand : Pourquoi ? Pourquoi j’ai tue le loup. Moi, le chérie de ma douce mère. Ce chérie avec les boucles blondes et des yeux bleus. J’ai écrasé les yeux du loup dans une haine. Moi, le honteux devant les filles. Surtout devant une jolie petite fille, devant cette fille unique avec le chaperon rouge. Rage d’amour d’un garçon avec des yeux bleus. Incapable de ne pas rougir devant les filles, devant cette fillette. Moi crevette. Moi betterave rouge qui a tué le loup dans une rage de haine. Honte. La grand honte de ma vie.




La honte, la haine, l’amour. Je ne sais même pas et encore maintenant je ne sais pas qui m’a chuchoté dans l’oreille : Tu le ! Tu le loup ! Et mon oreille s’enflammait. L’oreille de la betterave était en feu de ce veux fou. Et c’était magique. Vraiment magique, dirais-je aujourd’hui. Où je sais à peu prés qu’est-ce que c’est. Magique. Dans mon enfance cela n’existait pas encore. Dans mon enfance existait seulement mon chaperon rouge menacé par le grand méchant loup qui louchait toujours derrière les grands hêtres dans la foîret noire.

Qui a tué le loup ? Toi, tu l’as tué d’un coup. Toi coupable d’avoir tué, d’avoir fait ce qu’on ne fait jamais de la vie. Mais toi, tu l’as fait. Et je frissonne encore comme c’était hier. Chair de poule. Chair de poule partout sur mon corps. Quand même qu’on dit ‘Gänseschauer’, ‘Gänseschauer’ chez nous. Chair des oies. Pourquoi ? Pourquoi j’ai tué ? Pourquoi je chaire ma poule … vous voyez ? Comme je chair ma poule dans les poiles sur mon bras ? Tous les poiles de ma chair de poules s’érigent rien que je pense à ça. Pourquoi !

Et maintenant, maintenant je vous le dirai, pourquoi.

Parce que tous les soirs ma grand-mère nous lisait des contes des Frères Grimm : Le Chaperon rouge, La Belle au bois dormant ou le Froschkönig. Ce conte de fée d’une princesse trop fière de sa beauté qui jette son pauvre mari grenouille contre le mur mais pleure après. Pleure tellement que son mari chéri réapparaisse devant elle. Gänseschauer ! Gänseschauer de bonheur pour moi.

Mais, après mes Gänseschauer il fallait que fasse encore ma prière de la nuit. Le Pater noster à haute voix devant tout le monde , le Vater Unser devant mes sœurs et frères, devant mon père et ma mère et tous nos animaux, devant nos poules dans leurs pauvre peaux, plus tard ou plus tôt dérobés et dévorés par nous, les carnivores plus forts. Alors, je n’y arrivais pas. Je restais en panne dans ma prière devant ce bon dieu qui interdit de tuer. Qui m’interdisait de tuer le loup. Je restais enfoncé, déjà après le mot ‘ciel’. Cet endroit pour nous tous, pour tous les loups par terre. Pour mon grand méchant loup aussi. Puisque moi, j’ai voulu resté ici par terre avec mon chaperon rouge. Voilà, pourquoi j’ai tué. J’ai tué le loup par propre amour. Tué une fois pour tout. Le très pauvre loup. Dont j’avais tellement peur pour elle, ma très belle. Peur qu’elle aura du mal, du très mal du très grand méchant loup.

Mai prière de nuit raté encore une fois, je me ne sui pas endormi. Je ne pouvait plus m’endormir avec cet oreille enflamme dans la nuit. J’étais au bout de mes nerfs, comme ma mère m’avait dit le lendemain.




À peine sentit le baiser de ma mère sur mon front, à peine la lumière éteinte que je saute de mon lit du premier étage de mon lit à deux étages. Et là, vraiment, je ne pouvais plus et je chuchotais à haute voix en le répétant sans fins :

« Je le tue maintenant, je le tue, je le tue. Tout suite je le tue !»

Et ma petite sœur au rez de chaussée de notre lit à deux étages dans la chambre des enfants, qu’est-ce que celle-là ose me dire dans ce moment crucial là ? Tout en chuchotant à haute voix, elle aussi : « Toi ? Jamais ! Je te dis, jamais tu ne tueras notre loup. Parce que il est à moi aussi, mon loup. Et en plus, tu le sais très bien. Qu’il dort dans le ventre de grand-mère. S’il te plaît ! Si tu tues le loup, tu tues mémé aussi! »

Quelle sottise, alors.

Qu’est-ce que une petite sœur peu en savoir. De ce grand danger énorme dans le quel se trouvait mon chaperon rouge tous les soirs ? J’en avas assez. Je ne pouvais plus. Une fois pour tout. Finit ! Finit la peur de tuer. Pleure petite, pleure.

Et je prends ma lampe de poche et fouille comme un fou dans notre boîte des jeu-jeu. Et je trouve tout suite ce que je cherche. Et je le tiens dans ma main, notre loup rouge-chéri d’argile.

Mais ma sœur, à ce moment là, elle aperçoit son loup dans la lumière de ma lampe de poche et elle crie. Non elle ne crie pas, elle criaille : « Non ! Non ! Faut pas tuer, pas mon loup ! »



Trop tard ! Trop tard !

Le loup déjà lancé contre le mur, tombé, brisé tout seul.



J’ai tué le loup. J’ai tué le loup ce soir.

Ma sœur tout en larmes. Moi en dehors de moi-même. Le bruit de la mort du loup d’argile dans l’oreille. Le pauvre petit loup rouge en miettes. Je regrette ! Je regrette beaucoup ! Je bégaye, tellement je regrette. Et, terrifié de moi-même, j’éteins la lumière. Je laisse le loup en miettes par terre. Je monte dans mon lit au premier étage.




Mais depuis, depuis je dors avec le chaperon rouge et le grand méchant loup dans un lit.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Autour de Roudi

Roudi vit avec nous, ses amies les juments, les chats et les poules quelque part en Auvergne. Parfois Roudi me regarde avec un œil tellement humain qu’il me fait penser à Lucius, le pauvre, qu’on a transformé en âne, L’âne d’or d’Apulée ; vers 125 après JC. Bien que cet âne, le fameux héro du premier roman de l’Antiquité, et Roudi dans son pré, vivent dans deux mondes tout à fait différents, ils ont quand même une chose en commun : Ils observent tous les deux les comportements bizarres si non atroces des êtres humains. Et j’imagine qu’ils ont de temps en temps envie de s échapper, de partir loin . . . Comme cet âne que je pus observer au cours du printemps 2004, alors que je me trouvais à bord d’un porte-conteneur qui me ramenait en Europe, après 20 ans passés au Japon.

Alors que défilait comme en rêve, sous mes yeux, l’Egypte du canal du Suez, j’aperçus us un troupeau d ânes, dont l’un s’échappa pour foncer droit vers le désert. Le frère de Roudi ! Et son propriétaire jurait et fouettait son ânesse, petite sœur de la Modestine de Stevenson, et lui donnait des coups de talons dans le ventre pour la lancer à la poursuite du pauvre fugitif…

Me voici donc maintenant en Europe, mais c est seulement il y a deux ans que je me suis décidé, l’hiver 2008/9, à écrire dans la langue de mon pays d’élection. Qui sait ! Si je ne m’étais pas cassé la cheville devant ma porte cet automne-là, j’aurais peut-être continué à écrire en Allemand. Et à vrai dire, j’ignore encore aujourd‘hui si quelqu’un, dans l’océan de Google, peut s’intéresser à ce que j’ai écrit et continuerai à écrire.